St Hubert mise sur le colza français
Leader du marché des matières grasses à tartiner, St Hubert mise sur l’utilisation d’huile de colza française. Les filières d’approvisionnement restent toutefois peu structurées et ne peuvent répondre totalement à sa demande.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Avec 80 millions de barquettes de margarine produites chaque année, St Hubert est aujourd’hui l’un des leaders sur le segment des margarines allégées à tartiner. Cette société originaire de Ludres, en Meurthe-et-Moselle, était à l’origine une laiterie. Les années 1980 ont marqué un tournant pour elle avec le lancement de sa première margarine allégée, le St Hubert 41, alliant le lait aux huiles végétales. « Ce produit a l’avantage de proposer moitié moins de matière grasse que le beurre, tout en conservant le bon goût du beurre, explique Mireille Besson Giordano (photo), directrice des achats, supply chain et développement durable de St Hubert. Depuis, l’entreprise s’est exclusivement consacrée à ces matières grasses allégées, principalement végétales. Nous avons aujourd’hui une vingtaine de recettes déclinées au sein de différentes gammes. »
60 % de l’huile provient d’une filière tracée
Si son siège social est aujourd’hui à Rungis (Val-de-Marne), St Hubert fabrique la totalité de ses produits, représentant 28 000 t chaque année, dans son usine historique de Ludres. L’huile de colza est l’ingrédient principal utilisé. Chaque année, 10 000 t sont achetées auprès de trois fournisseurs référencés avec des cahiers des charges spécifiant la qualité de l’huile, ainsi que des critères environnementaux. « On a également souhaité aller plus loin en travaillant à garantir au maximum que l’huile que l’on utilise est 100 % française, c’est-à-dire produite en France avec des graines de colza françaises, précise Mireille Besson Giordano. On y travaille depuis maintenant une dizaine d’années, notamment auprès de notre premier fournisseur qui a bâti sa filière tracée et certifiée. »
Ce fournisseur, dont provient plus de 60 % de l’huile de colza utilisée par St Hubert, est la raffinerie Daudruy Van Cauwenberghe & Fils à Dunkerque (Nord). « En tant que petit acteur du raffinage, nous avons une réelle problématique de compétitivité. Avec la création de cette filière tracée, du champ au raffinage, nous avons voulu apporter ce que les autres ne peuvent pas faire, la garantie d’une huile de colza 100 % française », analyse Dominique Daudruy, président de la raffinerie. Cette filière, dont le colza provient des organismes stockeurs locaux, est depuis maintenant six ans certifiée par Bureau Veritas. St Hubert s’approvisionne également auprès de la raffinerie Valtris, située à Verdun (Meuse). « Ce fournisseur nous garantit l’utilisation de colza français pour la production de son huile, mais il n’a pas fait la démarche de certification de sa filière d’approvisionnement », précise Mireille Besson Giordano. Enfin, St Hubert travaille également avec une raffinerie du groupe Avril, située à Rouen, qui ne lui apporte cependant pas la garantie d’une huile 100 % française. « Il lui arrive de compléter avec des lots qui ne sont pas français, souligne-t-elle. On a essayé d’obtenir les mêmes garanties qu’avec nos deux autres fournisseurs, mais cela n’a pas abouti. »
D’ailleurs, la société a déjà tenté de créer sa propre filière, cette fois-ci en colza bio. « Quand nous avons lancé la gamme St Hubert bio en 2009, nous avons travaillé avec Probiolor, une coopérative bio lorraine proche de notre site de production, ainsi qu’avec les chambres d’agriculture de Lorraine et d’Alsace, à la création d’une filière locale bio. Pendant deux ans, nous avons expérimenté avec 10 producteurs de colza volontaires, mais ça s’est soldé par un échec. Effectivement, le colza bio, c’est très compliqué et les producteurs ont renoncé, sachant que de notre côté, quand on travaille sur ce type de filières, on s’inscrit dans des contrats pluriannuels avec des garanties de volumes. »
Communiquer auprès des consommateurs
Si s’approvisionner en huile de colza française n’est pas de tout repos et ne peut concerner l’ensemble de ses références, St Hubert cherche tout de même à faire valoir cet atout auprès des consommateurs. « On s’est rendu compte que lorsqu’on veut donner ce type de garanties, il ne faut aucune faille, que tout soit toujours à 100 %. »
La société a donc adhéré en 2020 à Terres OléoPro, après plusieurs années de travail commun autour de ces filières. « Terres OléoPro est une démarche d’engagement lancée en 2015 par la filière française des huiles et protéines végétales. Elle a pour vocation de faire le lien entre les agriculteurs et les consommateurs, et de mettre en valeur l’origine française des ingrédients utilisés par l’agroalimentaire », explique Florence Doat-Matrot, directrice du GIE Terres de communication. « Notre travail avec St Hubert est de les aider à promouvoir l’origine France du colza utilisé dans certains de leurs produits. Nous sommes là pour les aider à expliquer au consommateur toute la partie amont de la production du produit, qui concerne notamment l’agriculteur. »
Lucie Petit
Pour accéder à l'ensembles nos offres :